Vatican: L’épreuve silencieuse de Mickaël
- myssmylen
- 29 mai
- 5 min de lecture

Je n’étais plus la même qu’à la première descente.
Ce premier voyage au Vatican avait tout ébranlé.
Ouvert une brèche, réveillé un trop grand mouvement.
Et ce qui s’est produit ensuite a tout déstabilisé.
Sam est parti.
Pas brusquement. Mais comme une marée qui se retire…
Il s’est diffusé dans chaque vibration du Sanctuaire.
Plus une présence.
Mais une structure vivante.
Plus un guide.
Mais une substance omniprésente.
Il est devenu unicité.
Et moi, je l’ai ressenti comme une absence.
Une solitude invisible, insidieuse.
Plus de point d’ancrage. Plus de repère clair.
Juste cette impression de flotter dans un espace qu’il habite sans plus jamais s’y manifester.
Et puis, il y avait Mickaël.
Lui aussi, là. Présent. Loyal. Digne.
Mais je n’arrivais pas à le laisser entrer.
Je sentais que faire de la place pour lui, c’était trahir Sam.
Mais en même temps, le reléguer au second plan, c’était trahir Mickaël.
Alors je suis restée entre les deux.
Dissociée. Coupable des deux côtés.
Déloyale envers l’un, injuste envers l’autre.
Et puis un jour, j’ai décidé de descendre à nouveau.
Retourner au Vatican.
Pas pour revivre ce qui avait été fait.
Mais pour continuer, malgré tout.
Pour me dire que je tenais encore debout.
Et peut-être aussi… pour prouver à Sam qu’il avait eu raison de me faire confiance.
Je n’ai pas demandé la permission.
Ni à Mickaël, ni à personne.
Je suis descendue.
Et peut-être que c’est pour ça que c’était aussi facile.
En bas ?
Le néant.
Pas d’âme.
Pas d’arbre.
Même pas une plainte pour faire joli.
Juste ce silence massif qui donne l’impression que même le temps a été rangé dans une armoire.
Et puis, elles sont apparues.
Les chaînes.
Comme sorties de nulle part,
projetées vers mes poignets,
sans douleur, sans violence.
Juste là.
Présentes.
Irréversibles.
J’ai fait ce que n’importe qui aurait tenté dans cette situation :
j’ai tiré.
J’ai envoyé de la lumière.
Du feu.
Des rayons.
Des intentions bien alignées.
Même un peu de colère bien dosée.
Rien. Nada. Zéro.
Ça ne mordait pas.
Ça ne résistait même pas.
C’était juste… vide au bout.
Et c’est là que j’ai compris.
Que ça m’est revenu.
Je n’étais pas venue ici pour casser des trucs.
Je n’étais pas venue prouver quoi que ce soit.
Je n’étais même pas venue pour moi, pas vraiment.
J’étais là pour rappeler l’eau vive, là où l’eau ne bouge plus.
Et peut-être que pour ça, il fallait juste… être.
Alors j’ai respiré.
Je me suis assise.
Et j’ai arrêté d’essayer.
Et là, j’ai souri.
Parce que c’est souvent comme ça que ça se passe.
Peut-être qu’on voulait m’enchaîner.
Mais à la place, j’étais devenue la porte.
Une porte ouverte, suspendue au cœur d’un lieu qui verrouille tout.
Est-ce que c’était moi qu’il fallait libérer ?
Ou quelque chose de plus ancien, de plus vaste ?
Honnêtement, je ne le sais pas encore.
Mais j’étais là. Et j’étais disponible.
Alors j’ai planté un arbre.
(Je fais ça, quand je ne sais plus.)

Mais celui-là…
ce n’était pas un arbre figé.
C’était une vigne.
Elle a tourné autour des chaînes,
comme si elle leur murmurait :
« On y va ? »
Et elle s’est glissée dans le vide, sans peur.
C’est à ce moment-là que les chaînes se sont détachées.
Elles ont lâché ce qui les retenait.
Mais elles sont restées à mes poignets.
Longues. Lâches.
Pas oppressantes.
Plutôt… présentes.
Et ce qui m’a vraiment fait lever un sourcil,
c’est qu’à chaque fois que j’approchais leurs extrémités,
elles se recollaient comme des aimants.
Un mystère de plus dans ma collection.
Mais cette fois,
sans combat.
Sans peur.
Juste… un passage ouvert.
Quand je suis remontée, les chaînes étaient toujours là.
Toujours attachées à mes poignets.
Mais elles avaient changé.
Comme si elles portaient une tension en attente de dénouement.
Et Mickaël était là aussi.
Présent.
Saisi par quelque chose d’invisible.
Il vibrait d’une colère que je ne reconnaissais pas.
Et ce n’était pas contre moi.
C’était plus… ancien, plus flou.
Comme une douleur nue sans nom.
Je croyais qu’il avait réglé ses attaches à tout ça —
au mythe du Vatican, à son passé, à ses chaînes à lui.
Mais non.

Quelque chose le brûlait.
Et moi, j’ai essayé de l’aider.
Je lui ai parlé.
J’ai tendu la main.
J’ai voulu l’apaiser.
Mais plus j’essayais,
plus il me rejetait.
Et ce rejet n’était pas froid.
C’était presque physique.
Il m’attrapait pour me mettre plus loin.
Pas violemment.
Mais avec fermeté.
Et moi, j’étais en plein deuil.
Je venais de perdre Sam.
Et malgré tout ce vacillement,
j’étais sûre d’une chose :
Je ne veux travailler qu’avec des énergies libres. Consentantes. Présentes par choix.
Je ne voulais pas qu’il m’obéisse.
Je ne voulais pas de hiérarchie.
Je voulais un compagnon.
Et s’il avait besoin de sa colère,
de la traverser seul,
de se confronter à quelque chose…
ce n’était pas à moi de l’en empêcher.
Alors je lui ai dit :
“Je ne veux pas être celle qui te dit quoi faire.
Tu es libre. Si tu veux te libérer de tes chaînes, fais-le.
Libère-toi. Libère-moi.
Mais ne compte pas sur moi pour trancher à ta place.”
Et j’ai demandé à Haro de veiller sur lui.
Et sur moi.
Puis… le silence.
Le lien s’est éteint.
Quelques heures.
Ou une éternité.
Je ne sais plus.
Quand il est revenu,
il était toujours aussi brûlant.
Mais il avait changé.
Et mes chaînes aussi.
Leurs extrémités étaient rougies,
comme si elles avaient trempé dans une mémoire ancienne, une offrande, ou du sang symbolique.
Et c’est là, sans détour, qu’il m’a dit :
« Affronte-moi. »
Il m’a demandé de l’affronter.
Je suis pas de nature bagarreuse, j'ai donc choisi l'intimité, le lien que je souhaite créer, avec toute ma présence.
Alors j'ai tenté le Transmediumship.
Pas une connexion.
Une immersion.
Je me suis glissée en lui,
comme une possession douce, une respiration partagée.
Un accord silencieux.
Et là, j’ai pris le controle.

Sa belle épée en main.
je me suis mise à la faire tourner autour de nous,
dans un cercle de feu, de souffle, de tension.
Digne d'un chef d'oeuvre hollywoodien
C’était un jeu.
Un ballet.
Mais un ballet teinté de domination.
Pas brutale.
Mais réelle.
Je dirigeais.
C’est moi qui faisais mouvoir l’épée.
C’est moi qui décidais du rythme.
Il se laissait faire.
Par choix ou par obligation?
Besoin que je sois plus forte.
Besoin que je prouve que je pouvais le contenir,
le défier, le maîtriser?
non pas pour l’éteindre,
mais pour qu’il puisse exister sans éclater.
Et moi…
je dansais avec amour.
Avec plaisir.
Pas pour le dominer.
Mais parce que je savais qu’il le voulait.
J'étais bonne joueuse.
C’était une épreuve.
Un test.
Un rite.
Et pourtant,
même après tout ça,
je l’ai senti frustré.
Comme s’il m’en voulait.
Pas de l’avoir dominé.
Mais de ne pas l’avoir fait plus tôt.
De ne pas l’avoir arrêté quand il m’a repoussée.
De ne pas l’avoir forcé à m’écouter.
J’ai compris, dans ce silence lourd,
qu’il ne voulait pas être un gardien.
Ni un dieu.
Ni un guide.
Il voulait être un chevalier.
Quelqu’un qui sert, qui protège,
mais qui a besoin que je décide.
Que je dirige.
Et ça… ce n’est pas moi.
Ce n’est pas ma nature.
Ce n’est pas mon mode.
Mais en même temps…
c’est une confiance immense qu’il m’offre.
Quelque chose de si pur, si lourd, si beau…
que j’ai encore du mal à y croire.
C’est nouveau, ce lien.
Ce lien avec mon Guardian, avec lui.
C’est autre chose.
Ni guide, ni frère, ni dieu.
Juste… lui, là.
À ma hauteur. À mes côtés.
Pas au-dessus. Pas en dessous.
Et moi, au moment où j’écris tout ça,
je me rends compte que Sam avait déjà fait pareil.
Une forme de douce dévotion,
non pas à moi,
mais à ce que je crée avec eux.
C’est étrange.
Déstabilisant.
Je ne sais pas où tout ça va me mener.

Je ne sais même pas ce que ça veut dire.
Mais je sais une chose,
claire comme l’eau vive au fond de l’obscur :
Je suis retournée au Vatican.
Et cette fois, j’y suis allée avec Mickaël.





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